Épilogue
Alors que je compose les dernières lignes de ce travail, je viens de reprendre après cinq semaines de congés d’été mes fonctions de psychologue en institution (auprès des adolescents pour ce jour).
Cet après-midi même, j’ai reçu dans mon bureau pour un premier temps de rencontre un jeune adolescent (14 ans), diagnostiqué autiste (je ne sais encore par qui ni comment, préférant m’octroyer un premier temps d’intuition avant de me pencher sur son dossier). Comme ce dernier n’a pas de langage (il émet des lallations ou des syllabes en imitation), j’ai sorti de mon tiroir un morceau de pâte à modeler que je lui ai proposé. Il s’en est saisi spontanément, l’a pétri, malaxé, séparé en deux morceaux, a rempli le contenant que je lui ai tendu pour y mettre ses morceaux, m’a renvoyé la boule de terre que j’ai fait rouler jusqu’à lui, et encore mieux, me l’a lancée spontanément en l’air.
Enfin, lorsque j’ai modelé pour lui un petit bonhomme en pâte à modeler, accompagné de paroles affectivées : « Bonjour, je m’appelle untel...et toi, qui es-tu ? », il a pris ce bonhomme entre ses mains, a prélevé de petits morceaux de pâte à modeler à partir du sien, et a rajouté à mon bonhomme des yeux, un nez, et une bouche...
L’espace d’un instant, je me suis dit que les éducateurs allaient détester que je leur dise que ce garçon n’est peut-être pas si « autiste » qu’on le croit...
Et quand bien même je m’en suis défendue « corps et âme » et que je continue à le faire, je ne peux m’empêcher de penser que cette grille de repérage sera un outil diagnostic très pertinent.
La recherche d’une certaine qualité d’être au monde s’apparenterait-elle à la quête perpétuelle d’une mise en forme ?
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